Nadine auxiliaire de vie

Qui êtes-vous ? Que faites-vous dans la vie ?

Je m’appelle Nadine et je suis auxiliaire de vie et séparée depuis 2012. J’ai 48 ans et je suis la mère de deux adolescents de de 14 et 16 ans. Je suis très impliquée dans leur éducation, je veux qu’ils réussissent leur vie, pas comme moi. Leur père beaucoup moins, vu qu’il a refait sa vie, il est parti tôt du domicile et nous n’avons jamais été mariés, il ne me paye pas de pension alimentaire car il est lui-même dans une situation financière peu favorable, il touche le RSA. Le société qui m’emploie me rémunère environ 630 euros par mois net c’est un mi-temps. Vous imaginez un peu ce que cela fait pour vivre !
Même si je touche des allocations logement, une maigre prime pour l’emploi et que mes enfants sont boursiers, je dois tout de même m’acquitter de ma taxe d’habitation, je n’ai pas droit au dégrèvement malgré mes faibles revenus. Je suis tous les mois à découvert, avec des frais bancaires qui s’accumulent, un vrai cercle vicieux, du moins, je l’étais avant de trouver ce travail d’appoint à domicile d’un genre un peu particulier… C’était ça ou un crédit à la consommation, mais au vu de mes faibles revenus, même si je suis en CDI, aucune banque ne se serait risquée à m’autoriser un prêt, ni aucun autre organisme d’ailleurs. Grâce à l’assistante sociale, j’ai pu obtenir une prime au déménagement et une aide financière exceptionnelle d’urgence pour couvrir mes frais de santé quand je me suis retrouvée en arrêt maladie prolongé mais ce ne fut que ponctuel. J’ai des soucis au niveau du dos, je suis incapable de faire un temps plein! Je suis également hôtesse de téléphone rose depuis quelques mois et j’arrive à joindre les deux bouts sans perdre mes droits aux allocations ni ma prime pour l’emploi malgré ce cumul d’emplois. Tout est fait dans la plus stricte légalité.

Comment vous êtes vous retrouvée à faire de l’animation dans ce domaine bien particulier ?

Le besoin d’argent, tout simplement. Je n’ai pas réfléchi longtemps avant de me lancer j’avais déjà une petite expérience dans le téléphone rose, mais elle datait de l’époque du minitel ! Je voulais me lancer avec une société sérieuse, qui paye correctement. Je devais réapprendre à tenir une conversation avec des coquins, je stressais pas mal. J’ai eu de la chance car la patronne proposait un coaching gratuit par le biais d’un site internet, avec des conseils, astuces pour réussir dans ce domaine. Je ne comptais pas faire ce travail par dessus la jambe, je voulais réellement en tirer des revenus complémentaires. Et ce pendant certainement plusieurs années car ma retraite risque d’être bien maigre. Tant que j’aurais une jolie voix et la patience de la faire, je continuerai !

Le test s’est bien passé, j’ai eu droit à un avatar de cougar aux antipodes de mon mode de vie et physiquement aussi que je me suis vite appropriée, je lui ai inventé une vie passé, présente très très chaude. Je prends cela comme un jeu mais je le fais sérieusement. Je ne suis pas affectée par ce que je fais. Ni dans mes relations avec les hommes. J’ai rapidement progressé et j’ai reçu ma première augmentation assez rapidement. On s’améliore et c’est payant, il ne faut pas hésiter à réclamer. Je tire bien mon épingle du jeu en privé aussi. Ce sont des conversations que les hommes payent plus cher et du coup, nous aussi sommes mieux rémunérées. J’ai des trucs pour faire les bruitages, une pâte à prout ou slime pour simuler une masturbation féminine, des stylos pour imiter le bruit des talons sur le sol, j’ai appris à rendre réalistes mes bruits de sucions.C’est du théâtre, ce n’est pas vraiment vous, il n’y a pas de mal à faire cela je pense. Je suis en portage salarial pour le moment, car je fais passer le matériel que j’ai acheté en notes de frais, on peut y ajouter son loyer (partie sans CAF, ils vous expliquent tout et c’est très simple) ainsi que ma facture d’électricité, l’achat de la slime pour les bruitages, il faut toujours fournir des justificatifs, mais par la suite, je passerai au statut d’auto-entrepreneur qui est tout de même plus avantageux.

Comment vos proches l’ont-ils pris ? Comment vous organisez-vous pour prendre les appels ?

Mes proches ne sont pas au courant, mes fils non plus, je garde cela pour moi. Les garçons font leur vie, ont des petites copines, je suis souvent seule à la maison, vu que mon métier n’est qu’un mi temps, de plus j’ai les vacances scolaires pour faire de plus longues plages horaires, vu que les enfants partent dans des centres de vacances et font de multiples activités. Je peux leur payer grâce à mon travail complémentaire ! Je prends donc les appels quand ils ne sont pas là, on s’organise, je leur ai dit que j’étais téléconseillère à domicile et que j’avais besoin de calme pour travailler. Ils sont compréhensifs et sortent s’amuser, ou travailler à la bibliothèque. En cas de soucis, ma patronne accepte que j’annule des heures, c’est dans mon contrat de prestataire de service.

Racontez-nous une journée type ? 

Je fais environ 4 heures de téléphone rose par jour, privé compris.
Plus durant les vacances scolaires, environ 8H/jour avec des pauses d’une semaine ou je prends un jour de temps à autre pour souffler.
Je travaille le matin et je fais du rose dans l’après-midi de 13H à 17H.
Je bois beaucoup de café, je conserve mon humour et du second degré quoiqu’il arrive !
Quand un petit jeune de 18 ans appelle et que je le sens très peu sûr de lui, je le déconnecte en l’ayant prévenu au préalable.
J’ai fait des recherches sur les pratiques sexuelles minoritaires, je m’accorde un bon film après ma session pour me vider la tête, je nage aussi, j’essaie de m’aérer pour garder la tête froide et cela fonctionne !

Combien gagnez-vous par mois ? Par heure ?

Je gagne 400 euros net par mois, grâce à un système de cumul des sommes gagnées, je me suis organisée de cette manière avec mon cabinet de portage, il est très sérieux et il est conseillé par la patronne de la société pour laquelle je travaille, je touche toujours la même somme, ce qui est utile pour les déclarations à la CAF, mais aussi en cas de droits aux chômage pour d’autres.

Comptez-vous continuer à faire ce travail ?

Oui, assurément !