Mon projet de reconversion
Qui êtes-vous ? Que faites-vous dans la vie ?
Je m’appelle Sandrine, je suis célibataire et j’ai 30 ans. J’ai un parcours un peu atypique, qui a malheureusement été semé d’embûches mais j’ai su me relever, du moins, comme j’ai pu !
A 26 ans, j’étais professeure de français, tout se passait bien, puis j’ai eu des soucis de santé qui ont fait que je n’ai pas pu reprendre.
Mon arrêt maladie prolongé m’avait mise sur la paille financièrement et j’étais inapte à mon poste, l’éducation nationale m’a poussée à la démission, je n’avais pas le choix. J’ai bien tenté de donner des cours à domicile, mais me déplacer était devenu compliqué et je ne pouvais recevoir chez moi car c’est petit et mal rangé.
Bloquée, donc, les factures impayées s’amoncelant : téléphone, taxe d’habitation, le crédit pour mon appartement etc, je devais trouver une solution.
Je n’avais pas de droits au chômage, c’est ainsi quand on quitte cette belle institution.
Je ne me suis pas laissée abattre, j’ai du caractère, je suis une vraie battante et me laisser couler n’était pas envisageable.
Ceci dit, faire une activité dégradante non plus !
C’est là que j’ai pensé à une solution…
Comment vous êtes-vous retrouvée à faire de l’animation dans ce domaine bien particulier ?
J’y ai pensé car …
Une ex colocataire de l’époque de la Fac de Lettres faisait du téléphone rose pour une société sérieuse depuis quelques années, je l’ai recontactée et pris les références.
A l’époque je trouvais cela fou d’être payée pour faire jouir des hommes au téléphone. J’écoutais parfois ses conversations et je ne me sentais pas de faire comme elle. Seulement voilà, je n’avais plus le choix, c’était ça ou bien le RSA et la faillite financière , je pensais déjà à l’interdit bancaire, le découvert impossible à combler, un scénario catastrophe à plus long terme car je ne savais rien faire d’autre qu’enseigner et surtout, je n’étais plus apte à faire mieux pour le moment du moins.
Je me suis lancée, j’ai postulé très sérieusement, j’ai passé le test la boule au ventre mais finalement tout s’est bien déroulé.
J’ai de la répartie, je suis séductrice de nature et surtout mentir ne me fait pas peur !
Flatter ces messieurs, les éduquer à respecter les femmes en les manipulant un brin est devenu un jeu très stimulant pour moi, oui, on peut rester féministe, on tombe sur pas mal d’hommes respectueux de la femme. Comme j’y mets beaucoup d’énergie, cette activité me laisse sur le carreau en fin de journée !
Je suis très investie car je tiens à mon poste, j’ai encore des dettes à payer alors je dois bosser dur. Je conserve mon sens de l’humour, c’est important !
Il ne faut pas être coincée ou effarouchée pour un rien pour faire ce travail.
Nous sommes en sécurité derrière notre avatar. Les conversations à visée sexuelle sont une grande part du travail, mais pas que.
Il faut aussi rassurer des hommes qui ne savent plus comment se comporter avec les femmes.
Il faut être très psychologue et pédagogue selon les cas. Surtout faire preuve de patience et de sérieux.
Comment vos proches l’ont-ils pris ? Comment vous organisez-vous pour prendre les appels ?
Ce ne sont pas leurs oignons et surtout, il m’est impossible d’en parler, vu que j’étais enseignante, qu’ils occupent ce poste à responsabilité, quel décalage, vous imaginez !
Même ceux qui ont l’esprit le plus ouvert tomberaient des nues. Cela ferait tâche si je leur parlais de ma singulière reconversion. Et, cela ne les regarde en rien, je me débrouille avec mes soucis financiers sans embêter personne, je ne me sens pas honteuse !
Je vis seule alors je prends les appels quand je veux, j’ai un objectif de 8H par jour et du privé en sus afin de me faire un peu plus en me fatiguant moins. C’est un avantage non négligeable. Il y a moins d’appels, mais c’est mieux rémunéré.
Je travaille par tranches de 2H afin de rester fraîche, réparties dans la journée, je sors peu en semaine mais le week-end je me lâche, je bois des coups avec l’argent gagné, je peux de nouveau le faire et cela vaut tous les mensonges du monde à propos de mon activité.
J’ai dit à mes proches que je donnais des cours particuliers à domicile et ça passe.
Racontez-nous une journée type ?
Je me lève très tôt, je fais généralement 4/6h ; je déjeune, puis 8/10h, je sors m’aérer, faire des courses, 12/14h, je souffle en lisant, regardant des films, je mange et je reprends de 20 à 22h.
Je fais des privés dans l’après-midi et le week-end.
Je m’octroie des pauses de plusieurs jours quand je sens que je ne supporte plus les clients ah ! ah !
Combien gagnez-vous par mois ?
Je suis au maximum par heure parlée sur le réseau. J’ai une bonne TMC (temps moyen de connexion), je fidélise bien et mes stats déchirent.
En privé, j’ai beaucoup d’amoureux, donc je suis à 1500€/mois minimum.
Comptez-vous continuer à faire ce travail ?
Non, car j’espère bien me remettre à 100 % physiquement afin de me reconvertir, l’argent gagné grâce au tel rose va me permettre de financer mon projet de reconversion, j’aimerais devenir écrivain public.