Mère de famille

Qui êtes-vous ? Que faites-vous dans la vie ?

Bonjour,

Je m’appelle Cécile, j’ai 35 ans et je suis mère de famille, divorcée depuis peu.
J’ai arrêté mes études après le Bac, j’ai pourtant fait une générale, j’avais quelques aptitudes, j’ai fait un an de psycho puis j’ai laissé tomber, j’ai travaillé un peu en tant que serveuse et manutentionnaire. Je me suis mariée assez jeune et je suis restée pas mal de temps sans rien faire durant mes grossesses et ensuite en m’occupant de mes 2 fils en bas-âge, ils ont 10 et 14 ans maintenant.
Je suis actuellement une formation en ligne pour devenir Auxiliaire de puériculture. Mon ex-mari est plombier, à la tête de sa propre entreprise, et nous nous en sortions plutôt bien avec ses revenus seuls. Suite à des nombreux différents, mais je ne m’étalerai pas à ce propos, nous avons pris la décision de nous séparer. Il a refait sa vie, a même eu un autre enfant issue de sa nouvelle union. Il me verse une pension et je touche des allocations familiales mais les garçons ont besoin de faire des activités extra-scolaires, ils ont aussi eu besoin de cours particuliers, séances chez l’ergothérapeute et l’orthophoniste pour l’un qui est dyspraxique, tout n’est pas pris en charge malheureusement et les factures sont salées, les délais de remboursements sans fin, de plus, ils ont besoin de beaux vêtements à la mode, baskets et je ne pouvais plus suivre…
Pas question de demander plus à leur père qui n’est pas très impliqué dans leur éducation. Il paye ce qu’il doit mais jamais plus et c’est moi qui en ai la garde la semaine, il ne les voit que les week-end et durant les vacances.
Je veux que mes enfants réussissent et fassent de bonnes études. Vous pourriez penser que toucher des aides de la CAF est une sécurité, mais pas réellement, car selon ce que me verse leur père, ou ce que je gagnerai quand je trouverai un travail fixe, mes droits peuvent être réévalués, à la baisse.

Comment vous êtes vous retrouvées à faire de l’animation dans ce domaine bien particulier ?

Il me fallait un revenu complémentaire. J’ai débord pensé à faire des ménages, à travailler dans la restauration rapide, tout ce qui pouvait être fait sans diplôme, ni expérience, à la vente à domicile aussi, j’ai cherché sur des forums, groupes Facebook, mais cela sentait l’arnaque à plein nez. J’ai réfléchi à ce que je pourrais faire. J’ai même pensé à faire de la cam ou à vendre mes culottes, mais cette idée était inconcevable, je n’ai pas le physique pour me montrer, la confiance nécessaire et je serais dégoûtée à l’idée que mes sous-vêtements servent de matériel masturbatoire à des hommes.
J’ai tapé travail à domicile, il y avait de tout, des travaux de couture, etc. Et je suis tombée sur une annonce qui semblait sérieuse et qui s’est révélée l’être. Une société cherchait à recruter des hôtesses de téléphone rose.
Je me suis dit que c’était peut-être fait pour moi, vu qu’ils ne demandaient pas d’avance, il fallait juste avoir une box, une connexion internet de qualité correcte, un téléphone fixe et du temps libre, ils n’imposaient rien niveau horaires, je pouvais m’organiser selon mes disponibilités. J’ai lu attentivement la page qui expliquait comment créer son auto-entreprise de téléphone rose, comment facturer, ce n’est pas si compliqué, même pour moi qui ne suis pas très douée avec ce genre de démarches. Je ne suis pas une grande libertine, j’aime le sexe comme beaucoup mais j’ai d’autres préoccupations …
J’ai une jolie voix par contre, on me l’a déjà dit, je me suis dit que ce serait un plus. Je n’ai pas d’accent particulier, ce qui a été également une qualité qui a fait que j’ai été prise. Mon soucis majeur était de réussir à parler aux hommes, j’étais un peu bloquée au début, de comprendre leurs fantasmes, de les faire vivre, je me suis beaucoup documentée sur le sujet !
Maintenant, je suis une pro, cela fait 2 ans que j’en fais et plus aucun fantasme n’a de secret pour moi, quoique, on peut toujours être surprise…
Cela reste anonyme et c’est très bien ainsi. Il y a une mise à distance, c’est un personnage, la femme qui ose, se lâche, c’est même libérateur parfois ! J’ai toujours peur que mes voisins m’entendent mais ce n’est jamais arrivé !

Comment vos proches l’ont-ils pris ? Comment vous organisez-vous pour prendre les appels ?

J’ai pris le parti de ne pas en parler à ma famille afin de ne pas les perturber, je leur ai dit que j’étais téléconseillère à domicile, seule une amie de longue date est au courant, elle a l’esprit ouvert et certaines des anecdotes que je lui raconte la font beaucoup rire !
Je n’ai pas encore fait de nouvelle rencontre, alors le problème d’en parler à un nouveau compagnon ne se pose pas, mais le jour où ce sera le cas, j’aviserai et je jouerai très probablement la carte de l’honnêteté. Si il le prend mal, tant pis, je tiens plus à mon job qu’à un homme !

Je travaille la journée quand mes fils sont à l’école et le week-end quand leur père les gardent, je fais de grosses sessions durant les vacances scolaires quand il s’en occupe aussi. Je peux choisir mes horaires, il faut être sérieuse, les honorer. C’est un vrai travail qui demande de la rigueur et de l’organisation. Si on ne fait pas l’affaire, on est remerciés, je tiens trop à ce boulot pour le perdre, alors je fais mon maximum.
J’ai pu être augmentée en m’améliorant, en écoutant les conseils de ma supérieure.

Racontez-nous une journée type ?

Je travaille environ 6 heures par jour. Je peux faire plus, mais pas sur du long terme car c’est tout de même assez prenant, il faut réfléchir aux scénarios, se concentrer.
Je choisis mes créneaux fixes à l’avance, avec une possibilité d’annuler parfois, c’est dans le contrat.
La matin, j’accompagne les enfants à l’école et au collège, puis je commence ma session de 9H à 12H, les garçons mangent à la cantine, alors, je suis tranquille.
Je me mets dans ma chambre, au calme, avec une bouteille d’eau et du café et je prends les appels.
J’ai choisi une sonnerie douce pour ne pas être agressée. Les clients défilent, je suis plie, je pose mes limites, je fais les scénarios qu’ils demandent, les débordements, j’ai appris à les recadrer à force, il ne faut juste pas se laisser faire, c’est nous qui avons le contrôle !

Certains sont très gentils mais ils tombent amoureux, il faut aussi les remettre à leur place parfois et leur rappeler que ce n’est que du téléphone. Il y a tous profils d’hommes : mariés, célibataires, de toutes tranches d’âge, de 18 à plus de 70 ans ! Ils veulent, la plupart du temps, se détendre après une journée de travail, interagir avec une femme, certains sont dans une grande misère sexuelle depuis pas mal d’années.

Je reprends de 13 à 16 H , puis je m’occupe des enfants. Nous sommes bien organisés, le grand passe chercher le plus petit à l’école primaire, soit ils rentrent directement à la maison, soit ils vont jouer au foot, ensuite, je les aide à faire leurs devoirs, de temps à autre, je fais venir un étudiant pour les aider dans les matières qui me dépassent, certains jours, je dois accompagner le plus jeune chez l’orthophoniste ou l’ergothérapeute.
J’annule des heures parfois quand il y a des professeurs absents, que mes enfants sont malades, je préviens à l’avance et tout se passe bien.
Je week-end, quand ils sont chez leur père, j’ai la possibilité de faire plus d’heures, donc, de gagner plus!Après, je décompresse en regardant un bon film.

Combien gagnez-vous par mois ?

Cela dépend des mois, je me fixe plutôt des objectifs à la semaine.  Et à la fin du mois, je dois arriver à gagner environ 800 euros afin de conserver mes droits à la CAF.

Grâce à mes efforts et à mon ancienneté, je gagne aujourd’hui le maximum, je fais des heures en conversation privée, c’est mieux payé et je peux me déconnecter quand je le souhaite.

Comptez-vous continuer à faire ce travail ?

Je compte bien continuer, je peux payer des vacances à mes enfants, quelques tenues de marques, j’ai pu m’acheter de nouvelles fringues, des appareils électroménagers de qualité, je ne m’imagine pas m’arrêter pour le moment, mis à part si je dois me mettre en couple et que mon nouveau compagnon est contre, mais je ne me vois pas céder !