Présentation de notre journaliste
Je m’appelle Chloé et j’ai 36 ans.
Je suis journaliste indépendante et j’ai fait mes études à Paris. J’écris des articles pour des sites internet sur des sujets divers.
J’ai eu envie de m’intéresser à la profession que je croyais jusqu’alors disparue : Le téléphone rose.
Tout de suite, on pense au minitel, au célèbre 3615 ULLA, au clip des Village People « sex over the phone » et son esthétique très kitsch.
Mais ce travail existe toujours. Il ne se pratique plus dans des box mais à domicile. Quels étaient les profils de ces hommes qui appellent ? De ces femmes de l’ombre ?
J’en ai rencontré plusieurs, l’une d’elles a même accepté de partager son expérience dans un blog.
J’ai pris contact avec une société réputée comme sérieuse dans le métier.
La jeune patronne Virginie de la société VD m’a fait confiance et mise en relation avec plusieurs hôtesses de son réseau.
Elle-même le pratique depuis 18 ans et est à la tête d’une société dynamique qui a su s’adapter et fidéliser sa clientèle en créant des sites ludiques et en recrutant des animatrices ayant toutes les qualités requises pour stimuler ces messieurs, seules les plus carrées et motivées restent.
Selon elle, elles doivent être sérieuses, avec une jolie voix et ouvertes d’esprit.
Le sens de l’humour et la culture sont des plus, elles ne sont pas vulgaires ou seulement quand il le faut et sur demande, elles s’adaptent avec intelligence et subtilité et rassurent les hommes qui appellent pour la première fois.
Il faut réellement avoir de la conversation pour faire ce métier, car certains ne demandent que cela.
Concernant leurs âges, elles peuvent être âgées de la vingtaine jusqu’à la soixantaine. Tant que leurs voix sont jolies, claires et envoûtantes. Elles ne se contentent pas faire jouir, mais elles élaborent des scénarios, parfois avec plusieurs personnages et s’en sortent avec brio.
Il faut être comédienne, empathique et savoir garder son sang-froid.
Toutes sortes de femmes le pratiquent et l’ont pratiqué.
Légalement, le cumul de professions est possible sous certaines conditions. Il y en a donc beaucoup qui ont plusieurs petits boulots.
Certaines ont eu des postes à responsabilité dans le passé, mais ne peuvent plus l’exercer car elles ne le peuvent plus physiquement, il faut bien payer les cours particuliers des enfants, le crédit à la consommation, pallier à une retraite minium, etc.
D’autres, sont mères de famille, divorcées ou pas. Elles s’arrangent avec leurs maris, ex pour prendre les appels au calme. Elles en parlent à leurs proches, ou pas … Elles gardent souvent cette profession secrète car socialement, elles savent que cela pourrait être mal accepté, elles oublient les désagréments de la profession car elles arrivent à s’en sortir financièrement à force de fidéliser, de réaliser de belles animations, elles peuvent être augmentées. Quelques hôtesses gagnent bien plus que le SMIC.
Certaines ont fait de la cam avant, et décident de changer car cela ne paye pas tant que cela vu qu’il y a une énorme concurrence et elles se retrouvent beaucoup trop exposées, incapables de continuer quand elles se retrouvent enceintes ou que leur corps change.
Le téléphone rose préserve l’anonymat, on se cache derrière un avatar de bombe sexuelle et il y a de nombreux appels. Et oui, les hommes n’ont pas abandonné ce moyen de céder à leur fantasme. Aucune camgirl ne sera jamais autant à l’écoute, même à l’époque des casques de réalité virtuelle et des vidéos pornographiques gratuites à foison. Elle encaissera les tips, gémira un peu mais elle ne mettra pas en scène son scénario. Je pense que beaucoup ont une vision biaisée de ce que peut être ce travail côté animatrices et côté clients aussi.
J’ai pu écouter plusieurs conversations mettant en scène les fantasmes les plus courants que l’on retrouve. Il y a finalement peu de déviants ou de clients désagréables car ils passent vite à la trappe. Les filles peuvent les déconnecter et passer à un autre.
Elles sont payées à l’heure parlée et font de 2 à 8 heures de téléphone rose par jour, tranquillement installées chez elles, tout en cuisinant, rangeant, se faisant les ongles, elles restent néanmoins concentrées sur ce que leur disent ces hommes.
Ils ont entre 18 et plus de 70 ans, la plupart veulent du sexe mais aussi parler, se confier sur leurs pratiques qui sont parfois minoritaires. Ils mettent en scène des fantasmes à propos de femmes qu’ils côtoient et désirent.
C’est leur soupape de sécurité, après une réunion stressante, ils veulent une voix féminine, un échange verbal cru ou plus sensuel pour pouvoir se lâcher.
Il n’y a rien de mal à cela. Le téléphone rose est amené à survivre. Les études sur ce marché sont discrètes mais vu le nombre d’hommes qui appellent, je pense que cette activité est florissante !
Les femmes tirent leur épingle du jeu, s’installent en auto-entreprise,ou en portage salarial, peuvent travailler de chez elles et les hommes profitent de cet échange agréable, bien au chaud chez eux, sans prendre le risque de tromper leurs femmes.
Car, ce ne sont pas que des célibataires endurcis, vieux garçons ou soumis qui appellent, il y a pléthore de profils différents, de professions représentées. Ils ne se dévoilent pas mais ils y font allusion parfois. Certains tombent amoureux des voix, il faut alors leur remettre les idées en place, car rien ne remplace le réel mais au téléphone, les fantasmes sont quasiment sans limites et c’est bien le seul lieu où c’est possible de le faire 😉